Bénis
soit Jésus et Marie !
Bien
aimés de Dieu,
Nous
sommes en l’an 28 de notre ère. L’empereur Tibère règne sur l’immense empire
romain, qui va des rivages de la mer du Nord aux confins du désert saharien, et
de la Palestine au détroit de Gibraltar. La méditerranée étant un lac romain
aujourd’hui bordée par une quinzaine d’Etats, le détroit de Gibraltar s’achève
aux confins de l’Asie. C’est dans un tel décor spatio-temporaire, géographiquement
bien situé que saint Luc pose ici un contraste extraordinaire entre l’illusion
d’un pouvoir enivrant et la réalité d’un
désert dépouillé, mais fécond de Dieu.
Déjà,
dans la première lecture, le prophète Baruch, au nom de Yahvé, notait le sens
combien profond d’un tel contraste entre
vaine agitations des hommes, obnubilés par leur fausse sécurité et patience d’un Dieu puissant, lorsqu’il
invitait Jérusalem à quitter sa robe de tristesse et de misère et à revêtir la parure de la gloire de Dieu pour toujours.
Car, déclare le prophète, Dieu a décidé que
les hautes montagnes et les collines éternelles seraient abaissées. Ce projet divin d’une envergure toute
spéciale devrait, pour son accomplissement plénier, se dérouler, comme jadis
pour Jérusalem, préfiguration de la Nouvelle Jérusalem, dans ce champ de
contraste où s’oppose l’empire de Tibère et cette voix apparemment sans défense
d’un Jean, le dernier des prophètes, premier témoin de Jésus-Christ. Il
suffirait de se référer à Flavius Josèphe et à Philon par exemple, ces
historiens incontestés de l’Antiquité chrétienne, pour apprécier ici la
justesse historique des données absolument exactes consignées par saint Luc et
la terreur dont cet empereur romain et ses vassaux fantoches étaient
capables. C’est précisément dans ce contexte historique d’occupation par
l’ennemi et d’oppression sans scrupules que la Parole de Dieu sera adressée
dans le désert à Jean, fils de Zacharie, nous précise saint Luc.
Cette
précision très solennelle du temps, du lieu et du contexte historique, loin de
nous éloigner de l’essentiel du message que dégagent les textes proposés par la
liturgie de la Parole de ce deuxième dimanche de l’Avent, cette précision,
évoquions-nous, souligne que les événements dont il va être question ne sont
pas un mythe, mais une réalité plus décisive pour l’histoire universelle. Et c’est
bien « du dedans » de cette réalité, symbolisée ici par cette
présence habitée de Jean au désert que la conversion doit s’opérer. Le
dynamisme de cette transformation ne peut venir de l’idolâtrie des idéologies
et des puissants en place, ni des structures de mensonge et de mort installées
par des illusions de fausses sécurités, mais de cette solitude dépouillée et divinement habitée de notre désert intérieur
où Dieu, dans un cœur à cœur, nous rejoint efficacement par son eucharistie.
Mais combien fuient ce désert intérieur
aujourd’hui, parce que ne voulant pas que
la voix de Dieu retentisse dans leur cœur, noyé dans des bruits tapageurs et
des dispersions épuisantes ? Et combien de personnes, parce que emportées
par le mirage du pouvoir de l’argent, n’ont plus le courage de leur foi, se
refusent d’être des Jean ( gens), Jean ( Jean) de vérité, à la solde des idéologies
antinatalistes et de la promotion des contre valeurs chrétiennes ?
Tibère
fut puissant et semble s’en imposer. L’argent, notre Tibère actuel , se veut
aussi puissant et semble également s’en imposer. Malgré tout, Jean, en tant que
prophète, n’ a pas résisté à l’appel du Dieu de vérité « qui
renverse les puissants de leur trône ». Aussi a-t-il parcouru courageusement la région de jourdain, proclamant en toute liberté le baptême de
conversion.
Et
nous, baptisés, avions-nous toujours le courage de notre foi , le courage
de la vérité, comme Jean ? Comme Jean sommes-nous vraiment des prophètes
et témoins de Jésus-Christ, capables de dire « non » à la dictature
des Tibères contemporains : Nous entendons les Tibères de ces vastes
programmes inavoués de destruction de la
foi et de la famille chrétiennes en échanges de gros sous, prêts à faire taire et
qui exigent de nous, malheureusement, de nier notre Dieu, de nier notre
identité de chrétien, disciple du Christ, de nier nos valeurs évangéliques promouvant
pourtant le respect et la dignité du corps, par exemple? Sommes-nous capables
de ramer à contre courant de ces pseudo idéologies allant à l’encontre de la
foi chrétienne et voulant substituer l’homme
à Dieu ?
Car
Jean, fils d’un inconnu nommé Zacharie, ne parle pas en son nom propre, ni au
nom de son père ou de son clan, ni même au nom d’un pouvoir politique : il est
porteur d’un message venu du Très-Haut, un message qui le dépasse et qu’il est
tenu de transmettre.
En
tant que prophète, par notre baptême, nous avons également l’obligation de
transmettre la Parole de Dieu en toute liberté de cœur, aussi bien dans l’agir
que dans le dire, quelle que soit la pression, sans honte ni trouble, ni du « qu’en
dira-t-on ». L’illusion du pouvoir
romain, représenté par l’empereur Tibère face à la pauvreté divinement enrichie
de Jean le Baptiste n’a pu tenir longtemps. Car la Bonne nouvelle partant de
Jérusalem va historiquement aboutir à Rome où devraient disparaître à jamais
les empereurs, laissant ainsi la place à celui qui est l’infini, Dieu pour
règner. L’Eglise est le signe visible de ce triomphe d’un Dieu patient face aux
agitations creuses et stériles des orgueilleux dont la suffisance n’a d’égale
qu’au vide provoqué par l’absence de Dieu dans leur conscience conséquemment
émoussée; Eglise, nouvelle Jérusalem, où sont réunis tous les hommes et femmes sans
exception de langues, de races et de peuples.
Alors
et seulement alors, comme le Précurseur Jean-Baptiste, ce ne sera plus nous qui
faisons face aux Tibères de notre temps que sont ces ennemis de l’Eglise, mais
la Parole de Dieu dont nous sommes porteurs, et devant laquelle chacun aura à
se situer.
Voilà
pourquoi, dans la joie et l’espérance de saint Paul dans la deuxième lecture,
nous pouvons encore chanter avec le psalmiste :
« Quelles
merveilles le Seigneur fit pour nous ! »
Que par Marie, cette eucharistie obtienne
pour nous la grâce d’un vrai témoignage de foi, à la manière du prophète Jean
le Baptiste, dans nos communautés, dans nos maisons, dans nos services, au
marché où partout ailleurs pour la plus grande gloire de Dieu. Amen !
Père Serge AÏNADOU
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