En ce
quatrième dimanche du Temps ordinaire de l’année C, la liturgie nous donne d’admirer le réalisme
extraordinaire avec lequel Jésus prend l’auditoire
de Nazareth au dépourvu ; un auditoire qui se réduit à ne voir dans le
Seigneur que le simple fils de Joseph qu’il a vu grandir… De là cette tentation
de rejeter son message comme la figure
du prophète Jérémie dans la première lecture.
En lâchant,
en effet, le dicton : « Médecin, guéris-toi toi-même, et en rappelant,
à contrario, son identité et la perspective christo-missionnaire dans laquelle
s’inscrit l’accomplissement des signes, le Seigneur recadre le sens de sa
mission. Il indiquera, par la suite, les dispositions de cœur requises pour accueillir
la grâce lorsqu’il évoque l’histoire de la veuve de Sarepta et de Naaman le
Syrien. Aucun de ces deux personnages n’est fils et fille d’Israël.. Et
pourtant, par le truchement des prophètes Elie et Elisée, ils ont été touchés
grâce à cette pauvreté de cœur qui est une disposition intérieure à accueillir
Dieu et à l’aimer sans attaches.
C’est dans
cette pédagogie que le Seigneur voudrait
conduire cet auditoire furieux, qui, bien qu’il se ferme à l’amour d’un Dieu « humble »,
« qui ne s’enfle pas d’orgeuil », exige de lui qu’il fasse des
miracles. Car, estime-t-il, le Seigneur en a fait ailleurs, notamment à
Capharnaüm : « Fais donc ici, pour nous, un miracle » comme si c’est
un droit.
Combien, aujourd’hui, se bouchent les oreilles à l’annonce de la Bonne Nouvelle et refusent d’entrer dans l’année jubilaire de réconciliation et de miséricorde accordée par le Seigneur (Lc 4, 19) pendant qu’Ils exigent de Lui « qu’il réalise un miracle dans leur vie aujourd’hui, aujourd’hui. Quand le Seigneur guérit un aveugle, ce n’est nullement pour nous épater et faire sensation… Non ! Autrement, il aurait déjà réalisé des miracles à Nazareth comme exigeait les habitants de son village afin de forcer leur admiration à son égard. N’en avait-il pas la possibilité ? Mais il se refuse de le faire parce que l’Amour ne sait pas s’enfler d’orgeuil. Des thaumaturges oui.
C’est le
lieu de purifier notre approche magique de Dieu que nous confondons avec notre
ego. Que de fois ne nous arrive-t-il pas
de croire servir Dieu en le mettant à notre service ? Réduire Dieu
à n’être que le moteur qui nous dépanne quand plus rien ne va n’est pas la foi,
mais de l’utilitarisme religieux. Que le Seigneur nous en préserve et nous donne le goût d’une amitié vraie et sincère
avec Lui ; une amitié plus vraie et plus comblante où, unis à Lui pour
toujours, nous ne devrions qu’Un avec Lui. Amen.
Père Serge M. AÏNADOU
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