Dieu me hait. Il n’écoute pas mes lamentations, pour moi c’est trop tard. Vraiment ? Parfois nous avons le sentiment que nos appels à la miséricorde rencontrent en Dieu une sourde oreille. En dépit de notre désir profond et sincère de réconciliation, nous hésitons à nous abandonner totalement à Lui et espérer qu’Il comprendrait « qu’au moins nous essayons », et qu’il nous donnerait peut-être une autre chance, une autre opportunité de faire ce que nous faisons le mieux, c’est-à-dire continuer de pécher. Et puis un jour, nous réalisons : Dieu est si bon que lorsqu’Il nous voit pécher, courir à notre ruine, Il nous poursuit, nous appelle et nous accompagne jusqu’aux portes de l’enfer. Là nous entendons la voix de Dieu demandant de tourner le dos au péché, sinon nous tomberions dans les abysses. Nous nous arrêtons et nous retournons ; nous voyons Jésus Lui-même qui nous appelle, Lui avec ses blessures, et tant de paroles éloquentes, Il appelle chacun d’entre nous à lever les yeux et contempler les grâces dont Il nous a dotées pour assurer notre éternel salut. Oui, nous continuons de résister à la grâce de Dieu ; nous sommes effrayés et nous doutons aussi. Nous ne pouvons pas concevoir comment Dieu serait si miséricordieux et viendrait à notre secours, quand nous n’avons rien fait que l’offenser encore et encore. La grâce de Dieu est sans limite ! Assez puissante pour reconstruire même la vie la plus détruite. Jusque dans cette prison, derrière ces hauts murs de béton, nous pouvons vivre en portant témoignage de la miséricorde et du pardon, simplement en les attendant et en les acceptant avec amour. Dieu ne s’intéresse pas à ce que nous avons été. Il ne s’intéresse qu’à ce que nous sommes, et si j’ai appris une seule chose en apprenant à connaître le Bienheureux Père Lataste, c’est celle-ci : Il m’a aidé à découvrir l’espérance qui est en moi, et j’ai pris conscience que cette espérance est plus forte que les blessures reçues et infligées. Notre Eglise est un peuple de pécheurs pardonnés, justifiés et sauvés par le Christ, rassemblés par le Saint Esprit pour témoigner de la miséricorde du Père qui aima tellement le monde qu’Il donna le seul Fils qu’Il ait engendré pour sauver ce monde (Jean 3,16-17). En qualité de chrétiens et catholiques, nous sommes les premiers bénéficiaires de l’amour divin qui appelle, accueille, pardonne et espère. Nous n’avons pas été oubliés. Nous ne le serons jamais. Matthieu (18 :21) nous rappelle que le Christ place un immense espoir dans le pécheur repentant, exhortant les chrétiens à faire confiance aux pécheurs qui continuent de pécher et à leur pardonner soixante-dix fois, c’est-à-dire TOUJOURS.

La miséricorde de Dieu est tellement infinie que Jésus nous répète sans cesse combien Dieu le Père nous accueille, nous pardonne, nous garde son espérance et se réjouit quand nous revenons à Lui. Nous pouvons clairement voir dans la parabole du fils prodigue que Dieu nous accueille sans nous interroger sur notre passé et sans nous faire aucun reproche. Le fils prodigue n’a même pas le temps de demander pardon. Son père court vers lui et l’entoure de ses bras, l’embrasse tendrement et ordonne à ses gens de commencer les préparatifs de la fête, car son fils bien-aimé est de retour ! Exactement comme Dieu se réjouit de notre retour vers Lui. (Luc 15,11-32) Les Evangiles sont pleins de semblables histoires dans lesquelles nous voyons clairement combien Jésus aimait les pauvres, les pécheurs, les parias, les exclus, les malades : Comment Il fait confiance à la femme adultère sans la condamner (Jean 8,1-11), à Zacchée qui Le reçut chez lui (Luc 19,1-10), à Marie-Madeleine (Luc 7,36-50), à la Samaritaine (Jean 4,1-26), etc. Il ne saurait en être autrement puisque Jésus est l’image du Dieu invisible (Col. 1,15), du Père des miséricordes (2 Cor. 1,3). Il n’est donc pas de meilleur moment pour revenir vers le Christ que MAINTENANT. Quand nous nous sentons écrasés par le poids de nos croix. Quand nous portons le fardeau du péché et sommes désespérés. Il est important de réaliser que Dieu ne nous a pas abandonnés. Il attend seulement de nous montrer Sa miséricorde, car là où abonde le péché surabonde la grâce. Tels le bon larron sur la croix, demandons à Dieu son pardon et sa pitié, demandons avec confiance car Il ne nous a jamais abandonnés. Jamais !

Robert G., OPL. Norfolk Un Frère de la communauté de Béthanie à l’intérieur de la prison de Norfolk
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