Solennité du CHRIST-ROI
Un dernier Dimanche de l’année liturgique qui annonce le Dimanche sans déclin :
Le monde sous le coup du Terrorisme est troublé ! Et si l’on n’a pas encore l’impression d’être à la fin du monde, on est du moins hanté par une peur justifiée d’être éventuellement victime, de ce fléau, comme l’ont été certains de nos frères au Mali, ou au Cameroun en ces dernières heures, ou en France…ou ailleurs (cf. la Russie, à travers le fameux crash d’avion sur le Sinaï). La fin du monde semble nous fleurer la peau et nous vivons dans la peur, d’en faire les frais !
Mais le mystère que nous célébrons en ce dernier Dimanche de l’Année B, nous invite à rompre toute logique de peur et briser la hantise de la mort. C’est bien ce à quoi nous invite la sérénité du Christ devant Pilate. Soumis à un jugement qui va bientôt déboucher sur une mort dramatique, le Christ règne de l’intérieur de sa vie et de sa mission ! Son calme devant ce juge implacable nous enseigne que l’homme tient vraiment debout, en fonction de ce qui le tient de l’intérieur. Un des sens du mystère que nous célébrons ce Dimanche se trouve-là : «Tenir debout » face au mal menaçant et y résister ; avoir la tête haute face aux situations de haine ; face à la partialité des rois de ce monde (Pilate), face à l’incompréhension ou à une mort qui vous prend au dépourvu…Dans l’accomplissement de sa mission le Christ-Roi de l’Univers a triomphé de toutes ces situations, régnant au-delà des limites du compréhensible, du désirable et de l’acceptable : « Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs.
Il y a donc bien des manières d’être roi. On peut être roi comme Pilate et autres ; c’est-à-dire détenir le pouvoir de ce monde et préserver son trône en ayant peur de la vérité et en se fermant à la justice. Grand par sa position politique, Pilate était pourtant petit face à la pression du Peuple qui réclamait la tête de l’innocent. Mais le Christ devant cette injustice n’avait pas peur du jugement. A la demande : « Es-tu le roi des Juifs ?». Il répond : « Dis-tu cela de toi-même, ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? ». Je constate là qu’il ne voulait pas entrer dans le jeu de Pilate, sinon il aurait répondu « Oui et non ! ». Car sa royauté ne saurait se limiter au peuple juif, même si ce dernier en fait partie. La royauté que nous fêtons en ce jour est éternelle et s’étend sur tout homme, toute chose et sur toute race. Elle nous achemine vers le Dimanche qui ne connaitra pas de déclin.
En se pressant de dire : « Es-tu le roi des Juifs ? », Pilate donnait l’impression de craindre un pouvoir rival qui menacerait le sien. Mais la royauté du Christ n’est pas de ce monde. Alors, c’est bien compréhensible, cette demande de Pilate. A la fin, il se rend à l’évidence et dit: « Alors, tu es roi ? » Et le Christ de répondre : « C’est toi-même qui dis que je suis roi. Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. ».
Le Christ exerce sa royauté à travers le don total de sa vie :
La première Lecture et le Psaume de ce Dimanche nous conduisent à la perspective ou à la dimension d’une investiture gagnée par le Christ en sa qualité de Fils. Ce qui n’est pas faut. Mais certaines relectures de la vie du Messie, nous démontrent plutôt qu’il est Roi parce qu’il aura incarné par tout sa vie la mission de Libérateur comme Moïse et David ou de juge, sage et impartial comme Salomon. Mais lorsqu’on connait les limites de ces derniers, on comprend réellement que c’est par sa croix et sa résurrection que le Christ règne à jamais sur l’univers. Il a appris l’obéissance dans la souffrance (Lettre aux Hébreux). Il s’est fait obéissant jusqu’à la mort et la mort sur la croix (Lettre aux Colossiens).
En Jésus-Christ, la notion de règne et de royaume a, en effet, pris un sens plénier, complet et parfait. Il est le Roi fidèle qui guide son peuple comme un père et comme un berger. Il connait ses brebis et celles-ci écoutent sa voix. Cette connaissance mutuelle est le code secret d’une vraie relation entre lui et ceux sur qui il règne. Et c’est bien là le fruit du mystère que nous célébrons : Vivre sous la royauté du Christ ! Vivre sous la royauté du Christ, c’est lui être fidèle ; c’est se reconnaitre sa brebis : écouter sa voix ; l’aimer et adhérer à sa personne. C’est également le prier, le louer et lui rendre grâce pour le salut qu’il nous a apporté. Cela demande que l’on prenne, d’abord au sérieux les engagements du baptême reçu, qui fait de nous aussi : prêtres, prophètes et rois. Cela demande également que l’on prenne au sérieux le mystère de la croix. Car au-delà de la souffrance qu’elle renferme, la croix est l’instrument du don total de soi et du salut. Le Christ n’avait ni palais, ni trône ni couronne à la manière de Pilate, mais il règne aujourd’hui par la puissance de sa croix, une puissance qui éclaire le règne des ténèbres et éblouit les rois de ce monde. Nous comprenons donc pourquoi la préface de ce jour contient ces paroles :
Tu as consacré Prêtre éternel et Roi de l'univers ton Fils unique, Jésus Christ, notre Seigneur, afin qu'il s'offre lui-même sur l'autel de la Croix en victime pure et pacifique, pour accomplir les mystères de notre rédemption, et qu'après avoir soumis à son pouvoir toutes les créatures, il remette aux mains de ta souveraine puissance un règne sans limite et sans fin: règne de vie et de vérité, règne de grâce et de sainteté, règne de justice, d'amour et de paix.
Que la Vierge Marie, la Mère du Christ-Roi veille sur nos existences et nous apprenne l’obéissance à son Fils !
Père KOUMAKPAI NOUKPO MOISE.
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire