Paloma HOUNOU
Antonella Goncalves
Connais-toi
toi-même pour mieux adhérer à Jésus comme Personne…
Paloma: Bonjour Père Serge et bienvenue à ce nouveau numéro de " Foi et psychologie". Nous commençons ce nouveau numéro en vous disant merci de tout cœur pour votre disponibilité. Nous parlions la semaine dernière du rapport qui existe entre la vertu et la liberté. Dans ce numéro, nous approfondirons ces distinctions notionnelles en nous interessant à ses implications morales. D'entrée de jeu, Père, quelles implications pourrait-on tirer du rapport entre vertu et liberté?
Père Serge: Merci Paloma. Je vous félicite aussi pour vos énormes sacrifices, vous et toute l'équipe de "Les Maux de ma foi" pour ce beau travail de maturation morale et spirituelle que vous réalisez auprès de vos frères et sœurs en Église. Parlant des implications connexes au rapport Vertu-Liberté, il convient de noter que la vertu et la liberté regardent vers les hauteurs. La notion de la liberté, purifiée de toute méprise psychologique qui tend à faire d'elle une permissivité nocive pour l'équilibre moral, est, associée à une vertu régulatrice, accrochée au bonheur. Il dépend, en réalité et en partie, de nous de mettre notre orgeuil dans ce qui est bas ou nous élève...
Paloma: Père, et pourtant, pour nous, trop d'interdictions gèlent la liberté, empêchant l'homme dans son acte, à reprendre les mots du philosophe Sartre, en lui interdisant la spontanéité et la variabilité polymorphe caractéristique de la liberté... Alors, il s'agit d'un rapport antinomique: vertu et liberté. Serait-ce là une erreur que de penser ainsi?
Père Serge: Je pense que oui. La notion de la liberté doit être purifiée tout comme cette notion qui lui est reliée. Je voudrais parler du mot "habitude" que nous aimons employer très souvent. " Moi, c'est mon habitude hein... Je n'y peux rien". Et cette expression est lâchée après une série d'injures à l'endroit d'un (e) ami (e). S'il existe un rapport, non pas d'opposition, mais de complémentarité entre vertu et liberté, ce n'est pas par un effet de hasard. Ces deux principes vertu et liberté régulent, en effet, deux autres aussi connexes aux premiers qu'intimes à eux par leur influence réciproque les uns sur les autres. On raconte à ce sujet qu'un Père du désert dit un jour à un homme du monde désirant devenir moine: " Durant les cinq premières années, tu auras une vie très malheureuse. - Et ensuite? demande celui-ci en tremblant. - Après, tu auras l'habitude". Avec vous, je verrai le danger que comporte ce mot "habitude" très usé. En fait il repose sur une confusion au niveau même de notre approche du mot "liberté"...
Paloma: Voudriez-vous dire "liberté comme action de faire ce que l'on veut, comme on veut et quand on veut..."
Père Serge: Exact! Mieux encore, l'implication directe qui ressort de cette mauvaise approche du mot "liberté", c'est une autre confusion entre deux réalités opposées, cette fois-ci, compliquant la réconciliation de la vertu avec une liberté mal comprise. La vertu devenant ainsi l'ennemie intime de la liberté, elle n'a plus bonne presse. Voici les deux réalités opposées, mais que l'on confond l'une avec l'autre: la réalité de l'habitus ( pour certains, c'est pour la première fois qu'ils l'entendent) et la réalité de l'habitude.
Paloma: Habitus et habitude. Quelles distinctions pouvons-nous faire, Père?
Père Serge: L' habitude est une caricature dégénérée d'habitus. L'habitus résiste à la routine, au suivisme et assoit la liberté responsable en lui donnant de maîtriser ce qui est en l'homme. Qui est le plus libre, du coléreux qui s'embrasse à la moindre contrariété et du vrai doux qui se met en colère quand il le souhaite ( ce qui ne veut pas dire jamais)? J'approfondis en disant avec l'habitus on a, par exemple, une conscience entière de l'acte accompli avec amour et on le choisit et l'exécute en toute liberté de conscience, de façon spontanée et sans contrainte aucune; tandis que avec l'habitude, on est besogneux, instinctif... Moins de détermination que d'automatisme. Parfois on ressent l’œuvre qu'on exécute comme une grande peine, un fardeau, une servitude dont il faut se débarrasser. Rien n'est fait avec le cœur, alors que avec l'habitus, l'amour intervient et purifie tout, transforme tout. Voilà le rapport qui existe entre liberté et vertu ou réciproquement entre vertu et liberté.
Paloma: L'habitude doit alors s'ouvrir à une vraie liberté par la vertu! C'est bien intéressant, Père. Je présume que ce serait l'avis des fidèles internautes de cette rubrique. Encore merci à vous Père Serge. Le rendez-vous est pris pour la semaine prochaine pour un nouveau numéro. Dieu nous garde. By!
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