Malheur
à moi si je n’annonce pas l’Evangile
Le 10 mai 1985, je présidais la
concélébration eucharistique en l’honneur de saint Cataldo, Evêque et Patron de
la ville de Supino, dans la région de Frosinone, à une heure de Rome. Pendant
l’homélie, alors que l’Eglise était noire de monde, j’insistai particulièrement
sur la phrase de saint Paul : « Malheur
à moi si je n’annonce pas l’Evangile ! » La messe terminée, la
procession s’organisa. Il y avait plus de trois mille personnes.
Un homme qui voulait se venger de certains
sorts qu’il disait avoir subis, brandit un poignard contre l’un des porteurs de
la statue et le frappa à mort. Il se jeta ensuite sur un deuxième et le blessa
gravement. Me trouvant alors au milieu des prêtres, je ne pris pas bien la
mesure de l’évènement.
Tout à coup, je retrouvai l’agresseur devant
moi, les yeux en furie, et je ressentis une forte douleur à la poitrine. Je me
rendis compte que mes ornements sacrés étaient éventrés et maculés de sang. M’adressant
à un prêtre qui m’accompagnait, je lui dis que je ne me sentais pas de
continuer la procession.
On me transféra à la sacristie où un médecin
diagnostiqua le blessure profonde d’un poignard qui m’avait traversé le foie et
était presque ressorti dans le dos. On me conduisit aux urgences à l’instant
même. J’étais très serein et, dans mon esprit, j’offrais ma vie au Seigneur. Je
pardonnai à mon agresseur. L’opération chirurgicale était risquée, mais elle se
passa bien. Grâce à Dieu, le couteau n’avait sectionné aucun organe vital.
Je restai plusieurs jours en convalescence.
Dans cet état de semi-conscience, immobilisé dans mon lit et alimenté par des
tuyaux, je fis une expérience de foi très intense. J’entendais la voix d’une
infirmière qui chantait : « Je renaîtrai, je renaîtrai… (comme le
cerf au printemps…). » C’est une chanson de Cocciante, mais pour moi, ce
fut comme la Parole de Dieu de la « Lectio Divina ». elle me faisait
méditer et désirer une profonde conversion spirituelle, un passage de la
médiocrité à un engagement authentique dans ma vie sacerdotale : une
véritable renaissance du sacrement de l’Ordre. Les fortes douleurs et les
brûlures à mes membres me permirent de réfléchir et d’avoir presque un
avant-goût des flammes du feu éternel. Je suppliai Dieu de m’en éloigner.
L’attentat avait chamboulé les esprits de
toute la région, de mes confrères, de mes amis et de mes connaissances. Tous
m’assuraient de leurs prières et je dois avouer que c’est sur ce lit de
souffrance que j’ai le plus intensément senti la grande charité des laïcs. La
force de leur prière me remplissait de paix et de joie et me réconfortait
presque physiquement.
Je remercie
le Seigneur qui non seulement m’a donné la joie de croire en lui, de le
servir et de l’annoncer comme prêtre, mais aussi de souffrir avec lui si, à mon
grand regret, je n’ai pas été jugé digne du martyre !
Je suis heure d’être prêtre, de renouveler
tous les jours ma conscience du Don reçu par l’imposition des mains, un Don qui
se traduit par le salut des âmes.
Père G.
T.
Italie,
Diocèse de Rome
Lumière et sel nous somme. Annonçons la bonne nouvelle aux quatre coins du monde.
RépondreSupprimer***Avé Maria***